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Potentialités: la réflexivité et la transformation dans Surface Tension et The Enclave

Date et heure
Mercredi 12 novembre 2014

Potentialités: la réflexivité et la transformation dans Surface Tension et The Enclave

L’outil pédagogique Mouvements: Mosse/Belin est conçu par l’équipe de DHC/ART Éducation afin d’encourager les visiteurs à développer en profondeur certains concepts clés explorés par les expositions Surface Tension de Valérie Belin et The Enclave de Richard Mosse. Ces concepts sont la vérité/tromperie, le corps, le médium, la pellicule. Cette semaine nous présentons le troisième essai de la série qui explore la notion du médium.

Composition: le médium

Valérie Belin et Richard Mosse utilisent une panoplie de stratégies formelles qui puisent dans notre sensorialité de façon viscérale, tout en nous mettant au défi de regarder toujours plus profondément — au coeur des sujets et au sein de nos présupposés quant à ce qui est vrai, présent, ou réel.

Bien que les deux artistes se distinguent dans leur façon d'aborder les problématiques du contexte et du commentaire social, chacun entretient une relation critique avec son médium respectif. Richard Mosse travaille de façon réflexive avec la technologie. Il affirme: «J'ai voulu utiliser Kodak pour ses qualités propres. Je voulais examiner le médium lui-même» [1]. Pour sa part, Belin souligne que «[s]on travail est quelque chose qui a lieu au-delà de l'objet, et qu'il s'engage directement avec les possibilités du médium» [2].

La très grande échelle des oeuvres dans les expositions contraint les visiteurs à interagir avec celles-ci en tenant compte de l'espace au sein duquel elles sont exposés. Où devons-nous regarder en premier? Y-a-t-il suffisamment d'espace pour prendre du recul et voir l'ensemble des choses? Ou plutôt, est-ce que notre compréhension de ce que nous avons sous les yeux est limitée (entre autres) par notre proximité avec cet élément, par un point de vue, qui, par exemple, réduit le sens que nous avons de notre être physique, ou limite notre perception à un détail à la fois? L'échelle et la structure des images dans l'installation The Enclave de Mosse créent un sentiment d'immersion qui désoriente le visiteur, ce qui reflète les complexités fragmentées de la guerre et imite l'oeil humain qui s'agite alors qu'il tente d'analyser l'information visuelle [3]. Le procédé d'aggrandissement des photographies de Belin, combiné au cadrage serré et au contrôle de la lumière, crée ce que l'artiste décrit comme une confrontation avec le regardeur qui met l'accent sur la subjectivité des oeuvres, change le statut de l'objet, produit une illusion de volume et la perception d'une masse - et, ainsi, les photographies acquièrent une qualité sculpturale indéniable qui s'oppose à la planéité plus commune du médium [4].

Chaque artiste utilise des techniques qui possèdent un potentiel de transformation et qui ont la capacité de retracer une source d'énergie qui rend visible - littéralement et métaphoriquement - quelque chose qui échappe à notre perception. Pour Mosse, le film infrarouge, en réagissant au spectre de lumière du paysage imperceptible à l'oeil nu, crée des roses saturés qui indiquent la dévastation cachée du conflit armé. Pour Belin, la proximité avec le sujet et les forts contrastes capturent l'énergie émanant d'un objet ou d'un moment ... ce qu'elle décrit dans son travail le plus récent comme les «potentialités» d'un sujet [5].

Mosse et Belin s'engagent dans une métaréflexion sur le film et la photographie. De quelle façon cet engagement s'articule dans The Enclave de Mosse et les séries de Belin? Nommez des exemples de travail réflexif dans d'autres médiums artistiques.

Richard Mosse suggère que la photographie ne possède pas un «parcours direct vers les émotions que les films ont tendance à avoir» [6]. Est-ce que vous êtes d'accord? De quelle façon peut-on comparer les séries de Belin avec l'oeuvre The Enclave à la lumière de cette affirmation? Comment s'envisage la relation entre le médium et le sujet de l'oeuvre, particulièrement dans son rapport affectif?

Emily Keenlyside
DHC/ART Éducation

[1] Colberg, J.  A Conversation with Richard Mosse.
[2] Valérie Belin (2007) Steidl, Gôttingen, Paris.
[3] Colberg, J.  A Conversation with Richard Mosse.
[4] Valérie Belin (2007) Steidl, Gôttingen, Paris.
[5] Ibid.
[6] Lange, C.  At the Edge of the Visible.  Dans Holten, J. Ed.  A Supplement to The Enclave.

Photo: Richard Mosse, The Enclave, 2012-2013. Vue d’exposition à la Jack Shainman Gallery, le 22 février - 22 mars 2014.
Installation vidéo à 6 écrans, film couleur infrarouge transféré en vidéo HD. © Richard Mosse, avec la permission de l'artiste et de la Jack Shainman Gallery.

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