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Marcher à l’intérieur: découvrir les boudoirs de Jasmina Cibic

Date et heure
Jeudi 29 novembre 2018

Marcher à l’intérieur: découvrir les boudoirs de Jasmina Cibic

L’outil Mouvements: Jasmina Cibic est conçu par DHC/ART Éducation afin d’encourager les visiteurs à développer en profondeur certaines idées clés explorées par l’exposition Jasmina Cibic: Everything That You Desire and Nothing That You Fear.

Mise en contexte

Il est possible d’effectuer plusieurs marches différentes dans l’exposition Everything That You Desire and Nothing That You Fear de l’artiste slovène Jasmina Cibic. Les instructions qui suivent vous en proposent trois: une marche qui ondule au rythme de rideaux, une marche-danse avec plusieurs figures allégoriques, et une marche qui traverse un écran pour examiner attentivement le décor architectural où se déroule un débat politique.

Vos déambulations se concentreront dans le bâtiment principal de DHC/ART au 451 rue St-Jean. Vous aurez besoin d’un cahier de notes, d’un crayon et d’un plan d’exposition. Vous vous déplacerez sur les quatre étages du bâtiment, identifiés G1, G2, G3, et G4.

L’exposition à DHC/ART de l’artiste Jasmina Cibic est une vaste installation immersive qui s’intéresse au phénomène de «puissance douce» (soft power): lorsqu’un pouvoir politique utilise des stratégies de séduction—plutôt que de coercition—afin d’imposer une certaine image de la nation. L’art et l’architecture sont des véhicules de choix pour la «puissance douce»; elle se glisse pernicieusement à l’intérieur même des murs, du plafond, des meubles, des matières afin d’influencer les mouvements de nos corps dans l’espace. À DHC/ART, Cibic utilise l’étude de cas de l’ex-Yougoslavie et s’intéresse à différents de ses pavillons présentés aux Expositions universelles du 20e siècle: à Barcelone (1929), à Paris (1937), à Bruxelles (1958) et à Montréal (Expo 67).

Alors que le bâtiment du 465 St-Jean porte particulièrement sur l’architecture publique sanctionnée par l’État, le bâtiment du 451 St-Jean est réinventé sous la forme de la résidence privée d’un collectionneur ayant assemblé des artefacts imaginaires présentés dans différents pavillons yougoslaves lors des Expositions universelles. Cibic nous permet alors d’être attentifs à la manière dont le politique infiltre subtilement l’architecture privée.

1. Marcher en ondulant parmi les rideaux

L’architecture n’est jamais qu’un décor neutre: elle «fait» quelque chose à notre corps, le fait bouger d’une certaine façon, dirige notre regard. À cet effet, portons d’abord attention aux rideaux. Ceux-ci sont le motif architectural principal du bâtiment, ils parcourent les quatre étages et transforment la galerie en boudoir.

Instructions 1

En entrant dans l’espace du G1, portez votre conscience sur les rideaux, déambulez lentement en les longeant, observez leur effet sur les autres éléments de l’espace. Puis, montez aux autres étages, toujours en vous intéressant à ce même élément de design. Attardez-vous au 4e étage, et regardez le film State of Illusion. Le motif du rideau y est présent aussi. À la fin de votre exploration, trouvez un endroit pour vous asseoir et pensez à deux choses qui se passent dans chacun des quatre espaces en lien avec les rideaux: liens émotifs, gestuels, sonores, visuels, atmosphériques, etc. Écrivez vos mises en relation sur quelques pages de votre cahier, de manière non linéaire, sous une forme inspirée par votre marche.

2. Marcher en adoptant la gestuelle de la mère-nation

Dans le projet de «puissance douce» d’un pouvoir politique, le corps de la femme est souvent instrumentalisé et prend la forme d’allégories issues de celle, principale, de la mère-nation. Les allégories féminines circulent partout dans le bâtiment du 451 rue St-Jean. Dès le début de votre marche, dans l’espace G1, vous rencontrez l’allégorie centrale de la mère-nation intitulée Land of Plenty.

Instructions 2

Marchez lentement autour de la sculpture Land of Plenty dans l’espace G1. Examinez sa gestuelle, sa posture, son expression, ses vêtements, ce qu’elle porte dans ses bras: réinterprétez celle-ci avec votre corps (ou imaginez-vous en train de le faire). Ensuite, observez et performez de la même manière les trois autres figures allégoriques suspendues aux rideaux. Puis, votre marche se continue sur les autres étages: où circulent les autres figures féminines, dans l’espace de la galerie, ou dans l’espace filmique. Refaites le même exercice qu’au G1.

Dans votre cahier, dessinez une ligne continue qui exprime pour vous les explorations gestuelles (imaginées ou performées) que vous venez d’effectuer pour chaque figure. Chacune a sa propre page, sa propre ligne continue. Y-a-t-il des ressemblances entre les formes? Des différences?

3. Marcher pour traverser l’écran: entrer dans l’architecture filmée

Instructions 3

Au G2, regardez le film Tear Down and Rebuild. Observez cette fois-ci tout ce qui se manifeste hors du langage et hors des quatre personnages: l’architecture intérieure de l’ancien palais de la Fédération à Belgrade, les sculptures et les tapisseries placées dans les espaces. À plusieurs reprises durant le film—ou pendant tout le film—placez vos mains sur vos oreilles et observez le film en silence. Dessinez ensuite dans votre cahier les fragments d’architecture, de sculptures et d’œuvres aux murs qui vous ont fasciné, frappé, intrigué. Laissez reposer vos dessins, vous y reviendrez plus tard.

Conclusion

Retournez maintenant au comptoir d’accueil du bâtiment. Prenez une brochure d’exposition contenant l’essai de la commissaire Cheryl Sim. Riche de vos explorations somatiques et tactiles, dialoguez avec l’essai.

Marie-Hélène Lemaire
DHC/ART Éducation

Photo: Jasmina Cibic, État d'illusion (extrait), 2018.

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